Comment financer la transition vers l’économie circulaire ?

Mettre en œuvre des projets d’économie circulaire reste un défi majeur pour de nombreuses entreprises. Le manque de financements, la complexité des dispositifs et l’absence d’accompagnement freinent encore trop souvent le passage à l’action. 

Pourtant, les besoins en investissements sont considérables, qu’il s’agisse d’éco-conception, de valorisation des déchets ou d’efficacité énergétique. Identifier les bonnes sources de financement et bâtir un projet crédible devient alors la clé pour transformer ces ambitions en résultats tangibles.

Dans cet article, découvrez un panorama des principaux dispositifs et solutions pour financer vos projets à impact.

Ce que vous devez retenir : 

La transition vers l’économie circulaire nécessite des investissements ciblés, mais elle génère des gains économiques, environnementaux et sociaux.

Les financements publics (ADEME, Bpifrance, Régions), privés (fonds à impact, banques, capital-risque) et hybrides (PPP, crowdfunding) offrent une palette de leviers complémentaires.

Les programmes structurants comme France 2030, le Pacte Vert européen ou les fonds européens (Horizon, LIFE, FEDER, FSE+) ouvrent des opportunités stratégiques aux entreprises de toutes tailles.

Pour maximiser vos chances, construisez un business plan circulaire solide, appuyez-vous sur des outils d’analyse systémique (Circular Canvas, Value Chain Canvas, Partner Map) et mettez en avant l’impact territorial et partenarial de vos projets.

Financer l’économie circulaire est un enjeu stratégique pour les entreprises

La transition vers l’économie circulaire implique des choix structurants pour les entreprises. Ce n’est pas seulement une question de conviction environnementale, mais aussi de stratégie et de compétitivité. Pour réussir, il faut accepter d’investir dès aujourd’hui dans des solutions qui transforment en profondeur les modèles de production et de consommation.

Pourquoi l’économie circulaire exige des investissements ciblés ?

Repenser ses chaînes d’approvisionnement, adopter l’éco-conception, développer le réemploi ou mettre en place de nouvelles filières de valorisation, demande des moyens financiers spécifiques. Les entreprises doivent investir dans des équipements adaptés, dans des technologies innovantes ou encore dans la formation de leurs équipes. Ces investissements ciblés sont indispensables pour amorcer le changement, mais ils nécessitent un accès clair et simplifié aux dispositifs de financement existants.

Un retour sur investissement tangible

Si les coûts initiaux peuvent sembler élevés, les bénéfices se manifestent plus ou moins rapidement. Réduire les consommations d’énergie ou de matières premières entraîne des économies directes. La valorisation des déchets peut générer de nouveaux revenus. Et au-delà de l’efficience opérationnelle, l’économie circulaire ouvre la voie à des modèles économiques différenciants (location, réemploi, seconde vie des produits) qui renforcent la fidélisation des clients. Autrement dit, financer l’économie circulaire, c’est préparer des gains économiques mesurables et durables.

L'économie circulaire comme solution.

Réglementations et attentes des parties prenantes

À cela s’ajoute une dynamique externe incontournable. Les réglementations françaises et européennes (ESPR, loi AGEC) poussent les entreprises à évoluer, sous peine de sanctions ou de pertes de marchés. Dans le même temps, les investisseurs, clients et talents attendent des organisations qu’elles prouvent leur engagement environnemental. Financer l’économie circulaire devient alors une façon de répondre à ces attentes, de sécuriser l’accès à de nouveaux marchés et de renforcer la confiance des parties prenantes.

Un panorama des dispositifs disponibles en France et en Europe

Pour qu’un projet dépasse le stade de l’intention, il doit s’appuyer sur un financement adapté. Les dispositifs de financement varient ainsi selon l’échelle (locale, nationale, européenne) et le degré de maturité des projets. Dans cette partie, nous vous proposons un tour d’horizon des principaux leviers auxquels une entreprise peut recourir pour financer sa transition vers l’économie circulaire.

ADEME, Bpifrance et soutiens territoriaux

En France, l’ADEME joue un rôle central avec ses appels à projets dédiés à l’économie circulaire, comme le Fonds Économie Circulaire (ORMAT 2025), qui soutient les initiatives de prévention, de réemploi et de recyclage dans les filières industrielles. De leur côté, Bpifrance propose des solutions adaptées à chaque étape (prêts verts, garanties bancaires, avances remboursables) pour l’innovation ou encore des programmes d’accompagnement dans le cadre de la transition écologique.

 

À l’échelle régionale, de nombreux conseils régionaux disposent également de guichets spécifiques pour les PME et TPE. Ils financent par exemple des investissements dans l’efficacité énergétique, la valorisation des déchets ou l’éco-conception. Ces dispositifs constituent souvent un point d’entrée pertinent pour amorcer un projet circulaire, en particulier pour les structures qui n’ont pas encore accès à des investisseurs privés.

Les financements européens

Au-delà du cadre national, l’Union européenne offre de nombreuses opportunités. Le programme Horizon Europe finance la recherche et l’innovation sur des thématiques telles que les nouveaux matériaux, les procédés circulaires ou les technologies de recyclage. Le programme LIFE soutient les projets pilotes et démonstrateurs dans les domaines de l’économie circulaire et de la réduction de la pollution.

 

Les fonds structurels européens, comme le FEDER (Fonds européen de développement régional), peuvent également cofinancer des projets à fort impact territorial, notamment dans l’industrie, la construction ou l’agroalimentaire. De son côté, le FSE+ (Fonds social européen) accompagne la montée en compétences et la formation des équipes, un levier indispensable pour mettre en œuvre durablement de nouvelles pratiques circulaires.

 

Enfin, la Banque Européenne d’Investissement (BEI) propose des prêts et de l’assistance technique pour les projets circulaires, et a déjà cofinancé plusieurs centaines d’initiatives dans toute l’Europe.

Plan France 2030 et Pacte Vert européen : les opportunités stratégiques pour les filières

Pour les projets de plus grande envergure, le Plan France 2030 constitue un levier majeur. Avec une enveloppe de 54 milliards d’euros, il finance la décarbonation industrielle, le développement du recyclage, l’innovation en économie circulaire ou encore l’accélération des filières stratégiques. De nombreux appels à projets, opérés par l’ADEME ou Bpifrance, ciblent spécifiquement ces thématiques.

 

À l’échelle communautaire, le Pacte Vert européen sert de cadre stratégique. Il oriente les financements européens vers la circularité et la compétitivité industrielle. L’objectif est ainsi de soutenir les entreprises qui réduisent leur impact environnemental tout en renforçant leur performance économique. Les projets qui s’alignent avec ce cadre bénéficient donc d’une meilleure visibilité et d’un accès facilité aux programmes européens.

Anticiper les évolutions du financement durable

Après avoir exploré les dispositifs existants, il est essentiel de regarder vers l’avenir. Le financement durable évolue rapidement sous l’effet des nouvelles réglementations européennes, des attentes des investisseurs et de la nécessité de mesurer les impacts réels. Anticiper ces évolutions permet aux entreprises d’adapter leurs projets d’économie circulaire et de rester compétitives face à des financeurs toujours plus exigeants.

Vers des aides conditionnées à la performance environnementale

La logique d’éco-conditionnalité progresse dans l’UE. Effectivement, les lignes directrices sur les aides d’État pour le climat, la protection de l’environnement et l’énergie (CEEAG) encadrent désormais les soutiens publics avec des exigences de résultats (tests de nécessité/proportionnalité, suivi de l’impact), ce qui pousse les porteurs à démontrer des gains mesurables (réduction d’impacts, efficacité énergétique, circularité). Autrement dit, l’accès aux fonds publics devient plus sélectif et lié à la performance environnementale réelle du projet.

L’essor de la finance verte et des critères ESG

Sur le versant privé, la finance verte et les critères ESG gagnent du terrain comme référentiel de sélection des investissements. Le SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) impose aux acteurs financiers (gestionnaires, banques, assureurs) de publier des informations standardisées sur la durabilité de leurs produits et de leurs processus, afin d’apporter plus de transparence et d’endiguer le greenwashing. 

Parallèlement, la Taxonomie européenne établit un cadre commun pour définir quelles activités économiques peuvent être considérées comme durables. Elle définit des critères techniques pour les secteurs pouvant contribuer substantiellement aux objectifs climatiques, y compris la transition vers l’économie circulaire.

Dans le domaine de la dette durable, les Sustainability-Linked Loans (prêts liés à des objectifs ESG) se structurent désormais autour de KPIs mesurables et de cibles (SPTs : Sustainability Performance Targets), avec bonus/malus intégrés selon l’atteinte des objectifs. Ces principes sont encadrés notamment par les Sustainability Linked Loan Principles (SLLP), diffusés par les associations de marché.

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Ainsi, pour obtenir des financements privés, les dossiers devront de plus en plus contenir des indicateurs ESG, des références, des trajectoires de progrès chiffrées, et souvent des validations externes. Ce n’est plus seulement une demande de ressources financières, c’est une exigence de crédibilité face aux investisseurs et prêteurs modernes.

Mesurer et prouver la circularité

Les banques et investisseurs exigent de plus en plus d’indicateurs concrets tels que le taux de réemploi ou de recyclage, pourcentage de matières premières vierges évitées, économies d’énergie générées. Ces données servent à évaluer la crédibilité d’un projet et sa capacité à délivrer des résultats mesurables, condition préalable pour obtenir un prêt vert, un financement participatif labellisé ou attirer un fonds à impact.

 

Pour les entreprises, cela suppose d’investir dans des outils de suivi et d’analyse. Des méthodes comme l’analyse de flux de matières (MFA), l’analyse du cycle de vie (ACV) ou des outils de modélisation systémique tels que le Circular Canvas et le Value Chain Canvas permettent de cartographier les flux, d’identifier les leviers d’amélioration et de produire les preuves attendues par les financeurs.

Ainsi, les projets circulaires qui réussissent à lever des financements sont ceux qui passent du discours aux faits. Plus une entreprise est capable de mesurer, documenter et prouver ses impacts, plus elle augmente ses chances de séduire financeurs et investisseurs et d’assurer sa transition.

 

Nos conseils pratiques pour maximiser vos chances de financement

Identifier les bons guichets est une étape essentielle, mais ce n’est pas suffisant. Pour convaincre un financeur ,qu’il soit public ou privé, il faut présenter un projet solide, crédible et aligné sur les attentes actuelles en matière de durabilité. Voici trois leviers pratiques pour mettre toutes les chances de votre côté.

Construire un business plan circulaire solide et crédible

Un bon dossier de financement doit démontrer la viabilité économique du projet. Cela implique de quantifier les coûts et bénéfices liés à la circularité (réduction des matières premières, économies d’énergie, gains liés au réemploi ou à la valorisation des déchets). Les financeurs attendent des prévisionnels clairs, intégrant aussi bien les investissements initiaux que les retours attendus à moyen et long terme. Plus votre business plan montre que la circularité est un atout stratégique et non une contrainte, plus il sera convaincant.

S’appuyer sur des outils de modélisation et d’analyse systémique

Il est essentiel d’appuyer votre démarche sur des outils pertinents comme le Circular Canvas ou le Value Chain Canvas, aident à cartographier les flux de ressources, les acteurs de la chaîne de valeur et les opportunités de création de valeur durable. Présenter un projet accompagné de ces analyses montre aux financeurs que vous maîtrisez le sujet, que vous avez identifié les risques et que vous proposez un modèle cohérent et durable.

Impliquer vos parties prenantes et valoriser l’impact territorial

Un projet circulaire n’est jamais isolé car il implique les fournisseurs, clients, collectivités, voire les associations locales. Mettre en avant cette dynamique partenariale renforce la crédibilité de votre dossier. Les financeurs, notamment publics, accordent une attention particulière à l’impact territorial et social (création d’emplois locaux, réduction des déchets dans une filière, synergies inter-entreprises sur un territoire).

 

Pour cartographier et mobiliser efficacement cet écosystème, vous pouvez utiliser des outils dédiés. Le Partner Map, que nous avons développé, est particulièrement utile pour identifier les acteurs clés, comprendre leurs interactions et visualiser les leviers de coopération. C’est un atout précieux pour renforcer votre dossier et démontrer que votre projet s’appuie sur une vision systémique et partagée.

En bref

Financer la transition vers l’économie circulaire n’est pas un obstacle, mais une opportunité stratégique. Les dispositifs publics, privés et européens offrent de multiples leviers pour amorcer ou accélérer vos projets. Plus vos projets circulaires sont structurés, chiffrés et ancrés dans un écosystème, plus ils séduiront financeurs et investisseurs et vous permettront de transformer vos intentions en résultats durables.

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Sources : 

ORMAT 2025 (ADEME), Soutenir l’Économie Circulaire

Ministère chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche, Horizon Europe, c’est quoi ?

Ministère de l’Économie, France 2030 : un plan d'investissement pour la France

Commission européenne, The European Green Deal : Striving to be the first climate-neutral continent

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