Face à la raréfaction des ressources naturelles, aux tensions sur les chaînes d’approvisionnement et aux attentes croissantes des consommateurs, les entreprises ne peuvent plus se contenter de modèles linéaires (« extraire, produire, jeter »). L’économie circulaire propose une alternative : préserver les ressources, réduire les impacts négatifs et créer de nouvelles opportunités économiques.
Mais très vite, des questionnements émergent du côté des entreprises : Quelles sont les étapes d’une démarche d’économie circulaire ? Par où commencer pour structurer ses actions et embarquer ses équipes ? Quels outils choisir pour ne pas se perdre dans les concepts ?
Autant de questions légitimes pour des responsables RSE, innovation ou stratégie qui souhaitent passer de l’intention à l’action.
Dans cet article, nous allons répondre à ces interrogations, étape par étape, en vous proposant des repères clairs, des outils pratiques et des pistes d’action pour démarrer sur des bases solides.
Ce que vous devez retenir :
Pourquoi engager une démarche d’économie circulaire aujourd’hui ?
Des pressions environnementales et économiques de plus en plus fortes
Selon l’OCDE, l’utilisation mondiale de matériaux primaires devrait doubler d’ici à 2060, passant d’environ 79 gigatonnes en 2011 à 167 Gt en 2060. Ce chiffre traduit une montée drastique des extractions et des impacts associés (émissions de gaz à effet de serre, pollution des sols et de l’eau, perte de biodiversité).
Malgré les progrès technologiques et un léger ralentissement grâce à une économie davantage tournée vers les services, cette augmentation reste massive. Pour les différentes industries, cela signifie une dépendance accrue à des ressources toujours plus limitées et coûteuses. À cela s’ajoutent des tensions géopolitiques croissantes autour des matières premières stratégiques.
Le constat est sans appel. Il est urgent d’adopter des modèles économiques différents, capables de sortir de la logique "extraire-produire-jeter".

Une attente sociétale croissante en faveur de la transition écologique
La demande en termes de durabilité ne vient plus seulement des régulateurs. Elle est désormais au cœur des attentes des citoyens et clients. Le Deloitte Sustainable Consumer Report 2024 souligne que, malgré une certaine « fatigue de la durabilité » liée au coût de la vie, une majorité de consommateurs restent attentifs aux impacts environnementaux et sociaux de leurs achats.
Les nouvelles générations, en particulier, placent la cohérence entre discours et actions environnementales des entreprises parmi leurs critères de confiance et de fidélité. Cette pression s’exprime aussi sur le marché de l’emploi avec des jeunes diplômés recherchant de plus en plus des organisations dont les valeurs et les pratiques répondent à l’urgence écologique et sociale. Pour les entreprises, ignorer cette dynamique, c’est prendre le risque de perdre non seulement des clients, mais aussi des collaborateurs clés.
Des opportunités concrètes pour toutes les filières
L’économie circulaire ne se résume pas à une contrainte réglementaire ou à un effort supplémentaire pour réduire son empreinte environnementale. C’est aussi un levier d’innovation et de compétitivité. En adoptant des approches comme l’éco-conception, le réemploi ou la mutualisation de ressources, les entreprises peuvent réduire leurs coûts, sécuriser leurs approvisionnements et créer de nouvelles offres de valeur.
À l’échelle mondiale, l’ONU Environnement estime que la transition vers une économie circulaire pourrait générer jusqu’à 4 500 milliards de dollars d’opportunités économiques d’ici 2030. Mais au-delà des chiffres, ce sont surtout des bénéfices tangibles qui se dessinent pour les entreprises : amélioration de l’image de marque, fidélisation des clients, anticipation des réglementations, réduction des risques d’approvisionnements.
Autrement dit, initier une démarche circulaire n’est pas seulement une réponse à des pressions externes. C’est aussi un investissement stratégique pour renforcer sa résilience et rester pertinent sur des marchés en profonde mutation.


Identifier les premières étapes de la démarche circulaire
Poser les bases : diagnostic, cartographie et mapping des parties prenantes
Initier une démarche d’économie circulaire commence par un diagnostic de circularité. Il s’agit d’analyser en profondeur la manière dont votre entreprise utilise ses ressources, conçoit ses produits et génère de la valeur, afin d’identifier ses points de dépendance et ses marges d’amélioration. Cette étape fondatrice vise trois objectifs :
Évaluer la dépendance aux ressources
Matières premières, énergie, eau, intrants critiques etc.
Identifier les pertes et gaspillages
Tout au long de la chaîne de valeur.
Repérer des opportunités concrètes
Pour réduire les coûts, limiter les risques et innover.
Ce diagnostic se décline en deux dimensions essentielles :
En pratique, un diagnostic de circularité n’est pas un simple rapport. C’est un outil d’aide à la décision stratégique, qui éclaire les zones de vulnérabilité mais surtout les leviers d’action, et prépare la feuille de route vers un modèle d’affaires plus circulaire et résilient.
Choisir ses leviers d’action prioritaires
Une fois le diagnostic posé, il est essentiel de ne pas se disperser. L’économie circulaire offre une multitude de leviers. Ainsi, il vaut mieux en sélectionner quelques-uns, adaptés à la réalité de son entreprise et secteur.
Repenser les produits, services et modèles d’affaires
Aujourd’hui, il est essentiel d’explorer de nouveaux modèles qui créent de la valeur autrement. Cela peut être proposer un service plutôt qu’un produit (économie de la fonctionnalité), développer des offres basées sur l’usage, ou encore concevoir des modèles collaboratifs et territoriaux.
Intégrer l’éco-conception et les stratégies de réemploi
Le saviez-vous ? 80% des impacts d’un produit, se réalise dès sa phase de conception. En partant de ce principe, il est nécessaire de réfléchir à la réparabilité, à la modularité ou à l’utilisation de matériaux recyclés dès la conception de votre offre afin de prolonger sa durée de vie.
Innover via de nouveaux partenariats et écosystèmes
Pour créer des synergies, vous pouvez vous associer à d’autres acteurs de votre chaîne de valeur. Cela peut se traduire par de la mutualisation de vos flux logistiques, la transformation de vos déchets en ressources pour un autre secteur.
Des outils et ressources pour structurer sa démarche environnementale
Passer d’une économie linéaire à une économie circulaire demande à la fois une vision d’ensemble et des repères concrets pour agir.
Dans cette section, nous mettons à disposition plusieurs ressources pour vous permettre d’éviter de rester au niveau de l’intention et d’ancrer votre démarche dans le réel.
Des outils à utiliser dès la conception de votre offre
Les outils créés par Circulab sont très utiles car ils offrent une approche qualitative et systémique de la transformation. Ils complètent les approches plus quantitatives (comme l’ACV ou l’analyse de flux de matières) en apportant une compréhension du contexte, des relations et des choix stratégiques. La combinaison des deux est essentielle : mesurer pour piloter, analyser pour décider.
Le Circular Canvas
invite à repenser un modèle d’affaires dans son ensemble ou concevoir un nouveau produit, en mettant en relation les ressources, les acteurs économiques impliqués et les impacts associés. Il aide à visualiser où créer de la valeur autrement en limitant son impact environnemental et social.
Le Partner Map
permet de clarifier son écosystème : qui sont les acteurs clés, quels rôles jouent-ils et comment collaborer pour construire des solutions circulaires ?
Le Value Chain Canvas
donne une lecture claire des flux de la chaîne de valeur et met en évidence les dépendances, les pertes et les points de blocage.
Les indicateurs de circularité
La mise en place d’indicateurs est indispensable pour transformer l’intuition en stratégie mesurable. Suivre l’empreinte carbone, le taux de réemploi, la part de matières recyclées ou encore la consommation d’eau permet d’objectiver les résultats, de comparer dans le temps et d’apporter des actions correctrices si nécessaire.
La formation à l’économie circulaire
Se former reste un levier incontournable pour ne pas avancer seul et éviter de réinventer la roue. Les thématiques les plus demandées concernent l’éco-conception, la compréhension du cadre réglementaire (loi AGEC, Pacte Vert européen, passeports produits numériques), la mesure de la circularité ou encore la conception de modèles d’affaires circulaires.
La Circulab Academy accompagne depuis 2015 des milliers de professionnels et d’organisations dans cette transition. Notre approche repose sur la capacité à penser en système grâce à des outils pratiques (Circular Canvas, Partner Map, Value Chain Canvas) qui facilitent le passage de la théorie à l’action. Les programmes associent études de cas réels, mises en pratique et partage d’expériences, afin d’aider les entreprises à structurer leur démarche et à identifier des leviers adaptés à leur réalité.
En bref
Initier une démarche d’économie circulaire n’est pas un exercice théorique, mais un cheminement progressif qui commence par une question simple : où en sommes-nous aujourd’hui et que pouvons-nous transformer ?
En réalisant un diagnostic clair, en identifiant vos flux de ressources et en impliquant vos parties prenantes, votre entreprise pose des bases solides. En choisissant ensuite quelques leviers d’action prioritaires (repenser ses modèles, allonger la durée d’usage grâce à l’éco-conception, développer de nouveaux partenariats), vous pouvez enclencher une dynamique vertueuse, adaptée à vos réalités et activités économiques.
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Sources :
OECD, rapport “Global Material Resources outlook to 2060”.
Deloitte, résumé du Sustainable Report 2024.
ONU Environnement, rapport de 2020 “Financing Circularity: Demystifying Finance for the Circular Economy”.