Dans un contexte de raréfaction des ressources, de durcissement réglementaire et de fortes attentes sociétales, les entreprises ne peuvent plus se limiter à des actions isolées. La feuille de route économie circulaire devient un levier non négligeable pour transformer en profondeur votre modèle. Elle permet de clarifier les priorités, d’aligner les équipes et de mesurer les progrès. En structurant votre démarche, vous sécurisez les approvisionnements, réduisez les impacts environnementaux et créez de la valeur.
Ce que vous devez retenir :
Pourquoi une feuille de route est essentielle pour réussir sa stratégie circulaire ?
Adopter une démarche d’économie circulaire ne se résume pas à lancer quelques initiatives de recyclage ou de réduction des déchets pour l’environnement. Pour être crédible et efficace, vous devez vous appuyer sur un cap clair, partagé et piloté dans le temps. C’est précisément le rôle d’une feuille de route.
De la prise de conscience à l’action structurée
Dans beaucoup d’organisations, la circularité commence par des projets pilotes tels que la suppression des plastiques à usage unique, le lancement d’une gamme éco-conçue, la mise en place du tri sélectif. Ces actions sont nécessaires, mais elles restent fragmentées si elles ne sont pas reliées par une stratégie commune. La feuille de route permet de relier ces initiatives, de les inscrire dans une vision globale et de passer du stade expérimental à une transformation systémique.
Lorsque ces projets restent isolés, ils présentent plusieurs dangers. Effectivement, ils consomment des ressources internes sans générer de bénéfices à l’échelle de l’entreprise, ils créent de la confusion entre les équipes, et surtout ils donnent une impression de “greenwashing” si les impacts réels ne sont pas mesurés ni amplifiés. À terme, vous risquez de perdre la confiance de vos clients, partenaires et même collaborateurs. Cette démarche vient donc éviter cette pensée en silos, cette dispersion et permet d’assurer une cohérence stratégique.
Créer de la valeur durablement tout réduisant les risques
Une feuille de route économie circulaire ne se limite pas à organiser des actions internes. Elle permet aussi de révéler des opportunités stratégiques. Réduction des coûts grâce à une meilleure gestion des ressources, développement de nouvelles offres issues du réemploi ou de la réparation, renforcement de l’image de marque auprès des clients sont autant de leviers qui génèrent de la valeur économique et environnementale.
En parallèle, cette démarche vous aide à anticiper et réduire les risques liés à la dépendance aux matières premières, aux fluctuations énergétiques ou aux contraintes réglementaires (ESPR, DPP, Loi Agec etc). Elle devient ainsi un outil de résilience, capable de sécuriser l’activité de l’entreprise dans un contexte d’incertitude croissante.

Quelles sont les 5 étapes clés à suivre pour bâtir une feuille de route ?
1. Réaliser un diagnostic de circularité : flux, impacts et vulnérabilités
Un diagnostic de circularité bien mené aurait permis de détecter ces dépendances et de mettre en place des plans de contingence. Pour toute entreprise, ce travail n’est donc pas un luxe mais une assurance car il sécurise la continuité des opérations, alimente la confiance des parties prenantes et constitue la base d’une feuille de route crédible et robuste.
2. Définir une ambition claire, alignée sur la stratégie d’entreprise
Une fois le diagnostic posé, l’entreprise doit transformer ses constats en une ambition lisible et mobilisatrice. Définir une ambition, ce n’est pas accumuler des slogans, c’est se donner une direction précise qui s’inscrit dans la stratégie globale. Trop souvent, les démarches circulaires échouent parce qu’elles restent cantonnées à des projets annexes, déconnectés de la vision de l’entreprise. En 2025, avec la montée des obligations réglementaires (DPP, ESPR) et la pression croissante des investisseurs sur les critères ESG, il devient incontournable de lier circularité et stratégie d’affaires.
Cette ambition doit être inspirante pour embarquer les équipes, mais aussi suffisamment concrète pour orienter les décisions. Une entreprise peut, par exemple, s’engager à réduire de moitié la part de ses déchets non valorisés en cinq ans ou à atteindre 100 % d’emballages réutilisables d’ici 2030. De tels objectifs fournissent une vision claire, traduisent une volonté forte et permettent de hiérarchiser les actions.
Fixer une ambition claire, c’est aussi accepter de jalonner le chemin : définir des étapes intermédiaires & mesures à court et moyen terme, avec des cibles atteignables qui permettent de montrer rapidement des résultats tangibles. Cette progressivité est essentielle pour maintenir la dynamique et éviter l’essoufflement. Une feuille de route solide doit donc conjuguer vision long terme, objectifs quantifiés et points de passage réalistes.
3. Identifier les leviers d’action : produit, modèle d’affaires, partenaires
Après avoir défini une ambition, il s’agit de choisir les bons leviers pour la mettre en œuvre. L’éco-conception permet de réduire l’impact dès la phase de design, en privilégiant la réparabilité ou l’usage de matières recyclées. Mais l’économie circulaire va plus loin : elle invite aussi à explorer de nouveaux modèles économiques et à renforcer les coopérations.
L’exemple de Decathlon est éclairant. En Belgique, l’enseigne a lancé l’offre We Play Circular, qui proposait de louer du matériel de sport plutôt que de l’acheter. Même si l’expérimentation n’a pas été pérennisée, elle a montré qu’un acteur pouvait passer d’un modèle centré sur la vente à un modèle basé sur l’usage. Ce type d’initiative ouvre la voie à des services de location, de seconde main ou de reconditionnement, qui prolongent la durée de vie des produits et réduisent les déchets.
Enfin, impliquer ses partenaires (fournisseurs, collectivités, collaborateurs, entreprises travaillant dans la même filière etc) est indispensable pour transformer les déchets en ressources et sécuriser ses approvisionnements. C’est dans cette combinaison entre innovation produit, modèle d’affaires et coopération que la feuille de route économie circulaire trouve toute sa force.

4. Structurer un plan d’action à court, moyen et long terme
Une feuille de route ne doit pas rester une déclaration d’intention. En effet, elle doit se traduire en plan d’action concret. Pour être efficace, il faut distinguer trois horizons. À court terme, privilégier des actions rapides et visibles qui montrent aux équipes et aux parties prenantes que la démarche est lancée. À moyen terme, engager des projets plus structurants comme la refonte d’une gamme ou l’adaptation de la logistique. À long terme enfin, inscrire la transformation du modèle économique dans une vision durable. Chaque action doit être clairement priorisée, dotée de ressources et associée à des responsables. C’est cette structuration qui évite la dispersion et installe une dynamique de changement crédible.
5. Mettre en place un suivi, évaluer et ajuster
Une feuille de route n’a de valeur que si elle vit dans le temps. Sans suivi régulier, les objectifs restent théoriques et les efforts s’essoufflent. Définir des indicateurs simples comme la part de matières recyclées, volume de déchets évités, réduction des émissions de CO₂ permet de mesurer les progrès et d’ajuster la trajectoire en fonction des résultats. C’est aussi un moyen essentiel de rendre des comptes aux parties prenantes et de conserver leur confiance.
Ne pas suivre ses engagements peut coûter cher. En 2023, ASOS, Boohoo et George at Asda ont été contraints par le gouvernement et la Competition and Markets Authority (CMA) au Royaume-Uni de clarifier leurs allégations environnementales dans leurs gammes “éco” ou “responsables”. Leur manque de transparence sur le suivi des objectifs a conduit à des accusations de greenwashing et à une perte de crédibilité auprès des consommateurs. À l’inverse, une entreprise qui évalue et ajuste régulièrement sa feuille peut démontrer ses avancées, corriger ses erreurs et renforcer sa résilience.
Outils & méthodes pour structurer et piloter votre démarche
Pour qu’une feuille de route soit crédible et opérationnelle, il faut des outils qui apportent de la clarté, favorisent la coopération et permettent de mesurer les résultats. Les outils que nous avons développés répondent à cet objectif en intégrant la pensée systémique et en tenant compte des enjeux actuels, flux, impacts ainsi que des interdépendances entre acteurs.
Value Chain Canvas : analyser les risques et opportunités d’une chaîne de valeur
Le Value Chain Canvas permet d’avoir une vision d’ensemble des flux de matières, d’énergie et d’informations. Il met en lumière les zones de vulnérabilité (dépendance à une matière, exposition réglementaire, gaspillage de ressources) mais aussi les leviers de création de valeur. C’est un point de départ essentiel pour prioriser les actions dans la feuille de route.
Partner Map : explorer les interdépendances et renforcer la coopération
Le Partner Map aide à représenter visuellement l’écosystème de l’entreprise. Cet outil permet d’identifier les parties prenantes clés, leurs rôles et les coopérations possibles. En travaillant avec cet outil,vous pouvez détecter des synergies, construire des collaborations locales et impliquer des partenaires dans la réussite de votre stratégie circulaire.
Circular Canvas : repenser le modèle d’affaires dans une logique circulaire
Le Circular Canvas est l’outil de référence pour transformer son modèle économique. Il aide à intégrer les principes de circularité directement dans l’offre en concevant des produits durables, en mettant en place des services de location, de réemploi ou de réparation et en adaptant le modèle d’affaires en accord avec les limites planétaires.
Circular Canvas : repenser le modèle d’affaires dans une logique circulaire
Le Circular Canvas est l’outil de référence pour transformer son modèle économique. Il aide à intégrer les principes de circularité directement dans l’offre en concevant des produits durables, en mettant en place des services de location, de réemploi ou de réparation et en adaptant le modèle d’affaires en accord avec les limites planétaires.
Quelles parties prenantes sont impliquées dans l’élaboration de la feuille de route ?
La réussite d’une feuille de route économie circulaire ne dépend pas seulement des outils mobilisés, mais surtout des personnes impliquées. Plus la démarche est collective, plus elle sera cohérente, légitime et durable.
Une gouvernance transversale en interne
Mettre en place une feuille de route circulaire exige l’implication de toutes les directions. La RSE ne peut pas porter seule cette transformation. La direction générale fixe le cap, les achats repensent les critères de sélection fournisseurs, la production optimise les processus, le marketing traduit l’ambition en offres concrètes, et les RH mettent en place des formations économie circulaire pour développer les compétences sur le sujet. C’est cette transversalité qui garantit l’alignement et évite que la démarche reste cantonnée à un service.
Partenaires et fournisseurs
Une grande partie des impacts et des opportunités se situe hors de l’entreprise, dans les chaînes d’approvisionnement. Impliquer ses fournisseurs est donc indispensable pour travailler sur l’éco-conception, sécuriser l’accès à des matières durables ou co-développer des solutions de réemploi. L’économie circulaire devient alors un projet partagé, où chacun contribue à réduire les vulnérabilités et à créer de la valeur commune.
Clients, collectivités et acteurs du territoire
La feuille de route gagne en légitimité lorsqu’elle associe les clients et les acteurs du territoire. Les consommateurs peuvent être sensibilisés ou impliqués via des offres de réparation ou de seconde main. Les collectivités locales, de leurs côtés, jouent un rôle clé dans la gestion des déchets, l’infrastructure de tri ou l’émergence de nouvelles filières. Leur intégration permet d’ancrer la stratégie circulaire dans une dynamique plus large de transition écologique et territoriale.
En bref
Une feuille de route n’est pas un exercice théorique : c’est un outil de pilotage stratégique. Elle vous permet de savoir où concentrer vos efforts, de hiérarchiser vos actions et de prouver vos résultats. Sans elle, vous risquez la dispersion, le greenwashing involontaire et la perte de compétitivité face à des concurrents mieux structurés. Avec elle, vous disposez d’un cadre clair pour anticiper les contraintes réglementaires, sécuriser vos approvisionnements et démontrer, chiffres à l’appui, les bénéfices économiques et environnementaux de vos choix. C’est cette rigueur qui transforme la circularité en avantage compétitif durable.
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Sources :
Gouvernement du Royaume-Uni, Fashion greenwashing: investigation into ASOS, Boohoo and Asda.
Decathlon, projet We Play Circular.